Évitons de donner de la voix à nos pensées

Publié le par Nguema Ndong

Il y a quelques années, je donnais un coup de main à un ami. Ce dernier m’avait demandé de faire pour lui quelques courses de son commerce. Je me suis donc mis à faire le tour des supermarchés de Libreville sans voiture et nous approchions malheureusement de l’heure de pointe. Les rayons du soleil dardaient sur ma peau chaque fois que j'attendais un taxi et la chaleur avait mis mes nerfs à fleur de peau.

Je déambulais dans les rayons du Géant CK2 sans trouver ce que je cherchais et je devais faire vite. Cette quête infructueuse entre les gondoles faisait monter de plus en plus ma tension atérienne. Soudain, une fille de rayon vint se placer devant le Caddie que je poussais afin, sans doute, de charger de nouveaux produits. J’étais statique devant elle, bouillonnant de colère. J’étais pressé, mais la bonne dame prenait tout son temps. Croyant que ces quelques mots allaient être uniquement pour moi, sans crier gare, je balançai : « PU*** DE MER*** ! MAIS CETTE CON*** NE VEUT PAS ME LAISSER PASSER ».

La jeune fille étonnée me lança un regard ahuri qui me fit comprendre l’énormité de mon acte. Sur le coup, j’avais l’impression d’avoir reçu un seau plein de glaçons sur tout le corps. Je pensais que ces mots ne se disaient que dans ma tête, malheureusement ma bouche était ouverte et elle laissa passer cette rustauderie. Pendant quelques secondes, ce fut la « BATTLE DU REGARD ». Elle me regarda et je la regardai. Elle insista et je baissai les yeux, car le bon sens venait de me rappeler qu'il faut se faire petit lorsque nous sommes fautifs.

La jeune femme s’écarta afin de me laisser passer. Sans avoir le courage de la regarder, je passai à côté d’elle tel un chaton qui rentre sa queue entre les pattes dès qu’une menace se présente à lui. Mon acte me faisait si honte. Alors, je pensais que des cornes poussaient sur ma tête comme cela se disait à l'école primaire. À l'époque de l'école publique de Mbwéma, quand nous commettions un acte répréhensible, les maîtresses intimaient aux camarades de huer sur nous. Et les beaux diables étaient enthousiastes de crier : « VOICI LES CORNES, UN GRAND GAILLARD… Ô CHOOOOUUU ! Ô CHOOOUUU ». Ce jour-là, le gaillard est passé à côté de la jeune dame avec des cornes aussi hautes que celles d'un zébu.

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