Lettre ouverte à mon ami à la veille des élections

Publié le par Nguema Ndong

Lettre ouverte à mon ami à la veille des élections

Cher ami, nous sommes à l’aube d’une élection générale. Tu me connais assez et tu sais que mon livre de chevet est No vote! Manifeste de l’abstention, l’ouvrage d’Antoine Buéno. Ce n’est pas à toi que je vais annoncer mon désir de ne pas aller voter. D’ailleurs, je ne me suis pas fait enrôler. J’espère que pour ce choix, tu ne vas pas me vouer aux gémonies en me traitant de tous les noms. Tu es mon ami, tu peux quand même accepter mes prises de position même si elles peuvent parfois contrevenir aux tiennes. J’ose espérer que notre amitié est plus forte que toutes les considérations politiques et les luttes d’intérêts.

 

Cher ami, durant cette campagne, peux-tu accorder le même respect à tes adversaires politiques ? Ce n’est pas parce que quelqu’un soutient les responsables de la précarisation du pays que nous devons lui manquer de respect. Ce n’est pas parce qu’un individu accorde du crédit à un opposant qu’il doit être cloué au pilori. Cher ami, on ne fait pas société avec l’injure et la stigmatisation. Vois-tu, depuis 1993, j’ai pu observer que le lendemain des élections est toujours pavé d’inimitié. Les gens ne s’adressent plus la parole et nous frôlons chaque fois la guerre civile. On ne peut pas jouer indéfiniment avec le feu sans se brûler les mains. Tôt ou tard, la bombe sur laquelle nous sommes assis finira par exploser et vu notre faible démographie, c’est le pays tout entier qui risquera sa disparition. Nous devons préserver l’unité nationale et la quiétude du pays. Cette tâche incombe principalement aux décideurs. Sauf que l’organisation des élections à venir ne présage rien qui aille dans ce sens. Prudence.

 

Cher ami, nous ne sommes pas des ennemis, mais des adversaires. Permets-moi, même dans mon abstention, de donner des avis sur l’actualité politique qui va occuper toutes les conversations. Permets également à ceux qui ne pensent pas comme toi à dire ce qu’ils ont à dire même si cela heurte ta sensibilité. Vois-tu, l’un des malheurs de la démocratie, c’est de donner la parole à des crétins.

 

Je ne vais pas être long. Je suppose que tu t’apprêtes pour une causerie. Ton bon-grand va certainement vous distribuer des billets de banque. J’ose imaginer que cela ne suffira pas pour avoir ton vote, autrement dit, tu te prostitueras. Bref ! J’espère toujours te compter parmi mes amis après cette élection. Si tel n'est pas le cas, alors que je conclurai tu n'as jamais été un vrai ami. Par ailleurs, pardonne mon impertinence et mes sarcasmes si un jour ils sont en direction de ton candidat. C'est plus fort que moi, c'est ma nature.

 

Amicalement.

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