Les intellectuels de connivence

J’ai passé une partie du week-end à réfléchir au texte que je devais écrire sur ces intellectuels qui ne sont point avares de chroniques sur tout ce qui se passe dans la société gabonaise. Ces messieurs « je sais tout », propriétaires de la kommandantur intellectuelle, ont choisi Internet pour mettre en valeur leurs savoirs. Omniscients, ils distribuent à loisir les bons et les mauvais points. Du sport à la politique en passant par la culture, rien ne leur échappe au contrôle de ces procureurs. Ils clouent au pilori et jettent des anathèmes sur les valets qui osent contrevenir à la loi. Mais jamais ils ne bandent leurs muscles contre les puissants. Ils sont forts avec les faibles et lèche-bottes face aux forts. Non, ils n’oseront jamais s’attaquer à Ali Bongo idem pour ses ministres. Le responsable, c’est toujours cet ON que nul ne connaît. Sauf quand il s’agit d’un inapte maire d’une ville de province ou d’un pauvre agent public inoffensif. D’ailleurs, depuis quelques jours, sur leurs pages, il pleut des textes dithyrambiques à l’endroit de Bilie By Nze. Au même moment, nos doctes conchient tous ceux qui osent tenir un discours dissonant à la doxa qu’ils souhaitent imposer. Malheur à celui qui ose pourfendre le Mandala de l’Ivindo (c’est ainsi que les thuriféraires de Bilie By Nze l’avaient nommé à sa sortie de prison en 2008). Demandez à Maganga Moussavou, il a subi le feu de ces tireurs embusqués.

Bref ! J’ai suspendu ma réflexion, car je me suis rappelé le livre de Léon Koungou, L’Afrique des timocrates : la politique des privilèges. Dans ledit ouvrage, le politologue camerounais décrit des individus semblables à nos doctes qui sévissent dans son pays. Il les appelle les « courtisans flingueurs ». Et selon lui : « ce sont ces intellectuels dont la démarche consiste à coller à l’actualité pour être visible. Ils cherchent à se faire remarquer par le pouvoir en place. Ils arpentent les plateaux de télévision et de radio ou s’agitent sur Internet pour signifier leur point de vue toujours différent par rapport à l’action gouvernementale, mais ils évitent soigneusement de tirer sur le président. S’il le faut, ils tirent de temps en temps sur les opposants et les activistes de la société civile ». Après une telle présentation, je ne peux rien ajouter de plus si ce n’est de vous recommander la lecture de ce livre. Il vous aidera sans doute à mieux débusquer ces imposteurs qui utilisent leur gongorisme et leur activisme de connivence pour tendre la main à un système qu’ils sont censés combattre. Chers amis, au lieu de vous faire passer pour ce que vous n’êtes pas, allez à Louis pour signer votre adhésion au parti des masses. Vous ne serez ni les premiers ni les derniers à emprunter ce chemin. D’autres personnes vont vous suivre. Ne vous inquiétez pas. C’est le temps, celui du plan d’accélération de la transformation des choses.