Ni rire ni pleurer, mais comprendre (archive)
En février 2016, la pensée binaire a pris le contrôle du débat dans la société gabonaise et cela se ressent sur les réseaux sociaux. On s’écharpe au quotidien, des amitiés se défont. On nous oblige à choisir entre deux individus, Jean Ping et Ali Bongo, dans la perspective de l’élection présidentielle à venir. Tous ceux qui ne s’alignent pas à ce diktat, on les agonit d’injures. Cancres et érudits succombent à ce manichéisme. Le monolithisme que l’on croyait disparu s’avère plus prégnant qu’on pouvait l’imaginer. L’esprit critique a pris la clef des champs, on célèbre la défaite de la pensée. Plus tard, deux mantras vont symboliser ce phénomène : « c’est le temps » et « c’est dosé ».
En ce temps-là, nous venons de terminer l’enregistrement de notre second album. Pour coller à l’actualité, on décide d’ajouter une autre chanson. C’est à cette occasion que j’ai écrit ces seize mesures qui reflètent ma position d’alors que les quatre années n’ont d’ailleurs point altérée. Malheureusement, nous avons publié l’opus sans ledit titre.
J’aimerais comprendre le panurgisme qui frappe le Gabonais
Quelle est la raison de la déraison du Gabonais ?
Pour voter le PDG, Parti incompétent notoire
Cinquante ans à traîner tous nos rêves à l’abattoir
Transformant la République du Gabon en monarchie
En complicité avec les nouveaux pseudo-messies
La parousie ayant affecté le mental des braves
Ils font de Ping le messie censé nous sortir des entraves
On mérite mieux que tous ces bongoïstes inaptocrates
Le boycott électoral devient la voix des démocrates
Le changement ne sera jamais le fait d’une élection
Quand on voit aujourd’hui qui tient les rênes des institutions
Est-ce Aboghe Ella qui donnera raison aux urnes ?
Est-ce Mborantsuo qui donnera raison aux urnes ?
Au Gabon, l’élection n’est qu’un pur piège à cons
Nombreuses seront les victimes de cet attrape-couillons