Les gars du Nord (le Woleu-Ntem) aiment les vestes en cuir

Publié le par Nguema Ndong

Les gars du Nord (le Woleu-Ntem) aiment les vestes en cuir

Il y a quelques semaines, j’ai lu une publication sur Facebook qui affirmait péremptoirement que « les gars du Nord » étaient accros aux vestes en cuir. Je n’accorde que très peu d’intérêt aux affirmations gratuites et surtout à des clichés ou stéréotypes qui tendent à généraliser les choses. On me dira que c’est de l’humour et qu’il n’y a pas de quoi faire un fromage ou de quoi prendre la mouche. Mais il se trouve que j’ai une profonde aversion pour l’humour surtout quand il essentialise les gens, lorsqu’il assigne les individus à des résidences ethniques ou régionales. On peut bien se moquer de quelqu’un sans le renvoyer à sa condition sociale ou à son origine tribale. Allez, dites bonjour au rabat-joie de Mbwéma, oui c’est plus fort que moi. Je crée des tempêtes dans des verres d’eau.  

 

Je suis un fan de ces vestes depuis ma tendre enfance, le cinéma et les clips de rap y en ont pour beaucoup. Une victime de l’American way of life. Mais cela n’est pas le cas de mes cinq frères ou d’Angdo avec qui je rappe depuis bientôt 20 ans. Et pourtant, tout comme ma fratrie, il est originaire du Nord et il y a grandi. Mon cas n’est pas singulier, je l’avoue. Pour ceux et celles qui ont un peu passé du temps au Woleu-Ntem, vous n’êtes pas sans savoir que la température y est basse comparée à Libreville. Et même quand elle grimpe vers janvier à mars, les soirées demeurent douces et se prêtent au port de ce vêtement. Ainsi, au nord du Gabon, vous pouvez allègrement être en veste cuir durant toute l’année. De ce fait, si vous y passez le clair de votre vie, cette habitude vestimentaire va vous habiter, car c’est devenu une sorte de culture locale dans laquelle vous avez longuement baigné. Cependant, il serait incongru d’affirmer que tous les habitants voire tous les originaires de cette partie du Gabon souscrivent à ce look. Par ailleurs, lorsque vous arrivez à Libreville, ce qui est mon cas, vous n’allez pas changer du jour au lendemain. Votre identité vestimentaire est déjà conçue, vous n’allez que l’ajuster au gré des tendances tout en préservant son ADN. 

 

Ces vestes, je les porte depuis le lycée et aujourd’hui encore je le fais avec fierté et élégance. Normal, je suis le frère des Dandys de Nkoum Ekiegn. Qu’il fasse un temps polaire ou caniculaire, ce sont mes « matos », alors j’en fais ce que je veux. Que je les porte à midi, sous un soleil accablant, pourquoi cela te dérange-t-il ? Est-ce toi qui as chaud ? Si je meurs de déshydratation, est-ce toi qui iras louer un Coaster à Major ou au Transporteur ? Aka ? Comme le chante Arnaud Eyagha : « M’abô emam mam, my’awok d’abe ooh dze en’ana… Oooh c’est la vie oooh ». Comme pour dire : « Je fais mes choses et cela vous énerve. Qu’est-ce qui ne va pas ? »

La vie est courte pour perdre son temps à s’occuper des affaires d’autrui. Pendant que nous y sommes. Dis-moi, à quand remonte ta dernière visite dans ton village ? Bref ! Avant de vouloir rire d’une chose, il faut se poser des questions au préalable, cela vous évitera de passer pour ce que vous n’êtes peut-être pas. Mais bon, nous sommes sur les réseaux sociaux et chacun est libre de dire son imbécillité tant que cela suscite des « clics », de lyncher l’autre pour contenter son cheptel. Beaucoup trouvent cela normal, cela veut dire que le problème vient de moi. Ce rabat-joie de Mbwéma. Ce villageois qui refuse de sous-titrer ses vidéos. Mais comme l’a dit Jiddu Krishnamurti : « Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale d’être bien adapté à une société malade ».

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article