Politesse et modestie

Publié le par Nguema Ndong

Politesse et modestie

Texte de décembre 2015 

Le taekwondo, comme l'ensemble des arts martiaux venus d'Orient, enseigne non seulement à se fortifier le corps, mais aussi à se fortifier l'esprit au moyen de quelques préceptes. Pour ce faire, au début de chaque cours, l'instructeur fait réciter à ses élèves cinq préceptes qui sous-tendent l'esprit tækwondoïste à savoir : politesse, modestie, patience, maîtrise de soi et volonté inflexible. Cet archipel de préceptes ne doit pas être au seul bénéfice des taekwondoïstes. Il peut aussi être adopté comme philosophie de vie par tout individu désireux d’avoir des relations courtoises avec le monde qui l’entoure, car l’essence de toute vie sociale est le respect de l’altérité.  En ce qui me concerne, et sans être un pratiquant du taekwondo, j'adopte cette philosophie de vie avec quelques écarts.

En me référant aux cinq préceptes du taekwondo énumérés, j'en conseillerai principalement deux à mes amis. Il s’agit de la politesse et la modestie. Ce conseil doit être perçu comme un signe d’amour. Un sentiment qui exige de tendre la main à son prochain même quand celui-ci vous attaque. Toutefois, cela ne doit pas nous faire oublier Paulo Coelho quand il dit que le Guerrier de La Lumière doit répondre aux provocations au combat de ses disciples afin de rétablir l’ordre, l’harmonie, dans le groupe. Cette recommandation peut également s’appliquer entre compagnons (amis) quand les attaques des uns se font ad nauseam.

  • La politesse
     

C’est une vertu majeure dans la vie en société. Nos aînés avaient coutume de nous dire qu’"être poli vous ouvre des portes". Une personne polie est appréciée du grand nombre à la différence de celle qui brille par son impudence malgré sa lumière. Je ne cesserai de dire cet aphorisme « ne confondez pas l'insolence et l'impertinence ».  L’érudition ne doit pas être le prétexte pour manquer de respect à ceux qui n’en ont pas. Le besoin de s’affirmer à tout prix ne doit pas nous permettre d’écraser les nôtres ou de les sacrifier sur l’autel nos ambitions personnelles en devenant ce que Léon Koungou appelle les courtisans flingueurs -ce sont ces intellectuels dont la démarche consiste à coller à l’actualité pour être visible. Ils cherchent à se faire remarquer par le pouvoir en place. Ils arpentent les plateaux de télévision et de radio ou s'agitent sur Internet pour signifier leur point de vue toujours différent par rapport à l'action gouvernementale, mais ils évitent soigneusement de tirer sur le président. S’il le faut, ils tirent de temps en temps sur les opposants et les activistes de la société civile-.

  • La modestie
     

C’est cette faculté qui nous permet de nous faire petits afin que les autres nous élèvent à la place que l’on mérite. Le "tout ce que je sais c’est que je ne sais rien" de Socrate est l’une des plus belles illustrations en la matière. Nul n’est détenteur de la science infuse, il faut parfois faire preuve de frugalité sur certains sujets au lieu de se noyer dans son trop-plein de certitudes qui ne propose aucun argument massue. On ne fonde pas une analyse sur des opinions,  mais sur des vérités de faits –enseigne-t-on l'enseigne en science-. Regarder les autres de haut depuis sa tour d’ivoire, la prétendue kommandantur intellectuelle,  en sombrant dans un gongorisme narquois ne fait que nous isoler. Les gens, qui jadis nous appréciaient, finissent par se lasser de notre morgue et cette appréciation se fait consumer petit à petit par la détestation de notre personne.  

Le manque de politesse et de modestie est une tare qui enlaidit notre image dans la société et nous condamne à la déréliction. Il faut prendre en compte ce que les autres pensent de nous afin de ne pas se retrouver isolés en se plaignant de toutes ces foudres qui tombent sur nous. J’invite mes amis à réfléchir sur ces mots de Milan Kundera : « Nous traversons le présent les yeux bandés. Tout au plus pouvons-nous pressentir et deviner ce que nous sommes en train de vivre. Plus tard seulement, dit-il, quand est dénoué le bandeau et que nous examinons le passé, nous nous rendons compte de ce que nous avons vécu et nous en comprenons le sens ».

Je suis un pacifiste et non un iréniste en ce qui concerne les relations personnelles. Cette conception des choses m’exige donc d'œuvrer au maximum afin d’éviter l’affrontement. Toutefois, quand les attaques sont menées ad nauseam, comme je l’ai susmentionné, la décence me condamne à l’autodéfense. Ainsi, si ma patience cède, c’est parce qu’il me faut sauver mon honneur. Ce qui est d’autant plus normal quand on prend les préceptes du taekwondo comme valeurs cardinales de sa vie. Je voudrais également souligner que les luttes fratricides ne m’intéressent pas plus que cela. Mon combat est ailleurs, m’attaquer à un proche fut-il aussi brillant que le soleil ne m’apporte rien. J’ai des luttes plus importantes à mener et c’est en elles que je mets mon énergie.  Comme disait Albert Camus: « Il faut mettre ses principes dans les grandes choses, aux petites la miséricorde suffit ».

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